Comme chacun le sait, l'information sur le net est surabondante. Que ce soit via les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux, on se trouve vite submergé, ou égaré sur des voies de garage, et il est difficile de trouver les éléments vraiment pertinents. Pour essayer de résoudre ce problème, un nouveau type de pratique a fait son apparition depuis deux ans, avec un nom à première vue barbare : la « curation ».
Comme l'explique l'excellent site Ouvertures animé
par Jean-Luc Martin-Lagardette, « curation est le mot utilisé par les Américains pour nommer la pratique consistant à sélectionner, éditorialiser et partager du contenu,par analogie avec
la mission du curator, le commissaire d’exposition chargé de sélectionner des oeuvres d’art et de les mettre en valeur pour une exposition ».
Par extension, le terme désigne, selon Wikipédia, « une pratique qui consiste à sélectionner, éditorialiser et partager les contenus les plus pertinents du Web pour une requête ou un sujet donné ». Avant de partager des textes, images ou vidéos comme les réseaux sociaux permettaient déjà de le faire, le « curateur » commence par les trier et les hiérarchiser. Pour cela, il utilise une « plate-forme » de « curation » comme Scoop.it ou Pearltrees, accessibles gratuitement sur le net.
Le « curateur » choisit le sujet et le titre de sa page, qui se présente un peu comme une page d'accueil de site web d'information. Dès lors, il se voit automatiquement proposer des pages web en rapport avec son sujet, qu'il peut mettre en ligne sur sa page d'un seul clic. Si cette sélection automatique se révèle peu réactive, le « curateur » peut aller lui-même chercher les infos sur le web et « suivre » d'autres pages Scoop.it sur le même thème.
Avant de mettre en ligne un contenu, le « curateur » est libre d'en changer le titre, d'ajouter un « chapeau », de supprimer ou intégrer une image. L'ordre des sujets est aussi modifiable, afin de faire « monter en une » (en haut de la page) une information importante. Chaque utilisateur est aussi libre de proposer à d'autres « curateurs » de partager les contenus qu'il a sélectionnés.
Le travail du « curateur » se compare ainsi à celui d'un spécialiste de la veille stratégique, ou du documentaliste qui recherche et classe les éléments pertinents sur différents sujets. En France, l'emploi des termes « curateur » et « curation » prête cependant à confusion, puisque le premier mot désigne, selon le Littré, « celui qui est chargé d'assister un incapable, de régir des biens par autorité de justice », tandis que le second qualifie l' « ensemble des moyens employés pour obtenir la guérison d'une maladie ».
Certains leur préfèrent la dénomination, guère plus claire, d' « agrégation web ». « L'utilisation de la curation de
contenu divise, note Wikipedia. D'un côté, les "pro-curation" revendiquent un statut de trieur ou filtre du web donnant plus de visibilité aux contenus de qualité. De l'autre, les
"anti-curation" dénoncent notamment un pillage des contenus du web et des droits d'auteurs bafoués. » En permettant à tout un chacun de devenir rédacteur en chef de sa page, la «
curation » est en tout cas un outil de « journalisme citoyen ». A condition toutefois de respecter les règles de base de la déontologie journalistique (voir le Scoop.it d'Ouvertures), déjà souvent mises à rude épreuve dans la presse « classique
», et que les citoyens journalistes ne connaissent pas forcément...
Cet article a été publié dans le N° 10 d'Options Futurs (en téléchargement ici). L'auteur de ce blog anime plusieurs pages Scoop.it, dont Actualités Ecologie.