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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 11:46

Depuis trois jours, les déclarations successives d'André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), au sujet d'un « moratoire » sur l'EPR ont donné lieu à un festival d'approximations et d'emballements dans les médias.

 

http://partyhardpolitics.com/wp-content/uploads/2011/03/homer-simpson-nuclear-emgineer-creative-commons.jpg         Homer Simpson, lanceur d'alerte sur le nucléaire - DR

 

Premier acte de cette « réaction en chaîne », mercredi 30 avril. Après avoir donné une interview au Monde, dans laquelle il réaffirme que « personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais un accident grave en France », André-Claude Lacoste s'exprime devant l'Assemblée nationale.

 

A une question sur un moratoire sur l'EPR de Penly (dont le chantier n'a pas encore commencé), le président de l'ASN répond que si cette question devait se poser, elle concernerait en priorité l'EPR de Flamanville, en cours de construction. Une réponse prudente et nuancée, qu'une dépêche de Reuters, reprise sur le site de Point, dramatise et extrapole en titrant : « L'ASN étudie un moratoire sur la construction de Flamanville 3 ».

 

Deuxième acte le jeudi 30 avril. André-Claude Lacoste est l'invité de France Info. Il ne parle plus de « moratoire ». Pour lui, la question est : « qu’est-il possible de faire de façon à ne pas bâtir telle ou telle partie de la centrale qui serait ensuite amenée à être modifiée pour améliorer la sûreté ? »

 

France Info titre : « l'ASN fait machine arrière » et pose la question : « rétropédalage ? ». Le titre du site de France Info évoque aussi un « moratoire sur les centrales françaises », alors qu'il s'agit (comme le précise le chapeau) d'un moratoire sur les réacteurs en construction. Encore une simplification...

 

Dans la journée du 30 avril, l'Observatoire du nucléaire saute sur l'occasion en dénonçant dans un communiqué les « pressions politiques au plus haut niveau de l'Etat » qui se seraient exercées sur l'ASN et met en cause sa « supposée » indépendance. Nicolas Sarkozy, déjà incapable de faire respecter son autorité par son propre Premier ministre, a-t-il tancé téléphoniquement M. Lacoste depuis l'avion qui l'emmenait au Japon ? On attend des preuves, ou au moins des indices...

 

Troisième acte de ce mic-mac médiatique : ce 1er avril (et ce n'est pas un poisson !), André-Claude Lacoste donne une interview à Sylvestre Huet de Libération (réservée aux abonnés... et à ceux qui achètent Libération tous les jours au même endroit). Titre : « Il est encore possible de faire des modifications à Flamanville ». Dans cet entretien, le patron de l'ASN affirme ne pas avoir eu « en tête un moratoire au sens administratif du terme », mais les conséquences prévisibles de l'audit demandé par le Premier ministre sur l'ensemble des réacteurs. André-Claude Lacoste y fait son mea culpa en indiquant qu'il aurait dû « répondre en termes de "choses à faire avant qu'il ne soit trop tard", au lieu de reprendre le terme "moratoire" lancé par le député ».

 

Bref, l'essentiel reste : l'ASN n'exclut pas d'ordonner l'arrêt d'une partie du chantier de Flamanville. Trop nuancées sans doute, ces déclarations ne semblent guère pour l'instant avoir reprises sur le net...

Tout comme l'information, rapportée par l'agence Bloomberg, et reprise par l'Observatoire du nucléaire, selon laquelle André-Claude Lacoste a déclaré le 28 mars qu'il « ferait ce qu'il peut pour que les tests de sécurité européens sur les réacteurs excluent les risques dus aux avions et au terrorisme ».

 

Alors, les médias font-ils bien ou mal leur travail ? André-Claude Lacoste reste-t-il sous la coupe du lobby nucléaire dont il est issu, ou parvient-t-il parfois à s'en affranchir ? Vos commentaires sont les bienvenus !

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